Le pouvoir de la moustache

Le pouvoir de la moustache

mars 16, 2022 0 Par Julie

La moustache n’est pas qu’un effet de mode. Par le passé, elle a surtout été un symbole de pouvoir et de domination sociale. C’est aussi un instrument de virilité par excellence.

 

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Petit retour en arrière pour comprendre la place de la moustache dans les différentes sociétés et son évolution.

Moustache et pouvoir

On peut rapprocher l’imaginaire de la moustache de celui du guerrier médiéval en Asie. En effet les samouraïs portaient le menpo, un masque avec des moustaches destinées à intimider ses adversaires. A l’inverse, il était de bon ton à Rome et dans la Grèce antique de se raser la barbe et la moustache par opposition aux peuplades barbares et aux esclaves, comme un signe d’appartenance à la « civilisation ». Seuls les philosophes antiques portaient la barbe (symbole de sagesse).

 

Un attribut rare

Ensuite, les attributs masculins seront plutôt portés sur les cheveux ou la barbe, mais rarement en tant que moustache seule. Couronné empereur des Francs en 800, Charlemagne tente d’imposer le port des moustaches à ses sujets, mais la moustaches touffue n’est guère pratique, et s’affine avec le temps, elle disparaîtra à la Révolution, à l’époque, le rasage intégral était de rigueur pour ceux qui ne souhaitaient pas finir guillotinés.

 

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Réhabilitation de la moustache et pouvoir

Il faudra attendre en effet le XIXe siècle pour que cela change. Louis-Napoléon Bonaparte va réhabiliter ce petit trait de poils faciaux, à son arrivée au pouvoir en 1848. Très vite, tout le monde va s’emparer de cette nouvelle mode, du militaire à l’aristocrate en passant pour la bourgeoisie. Il faut rappeler tout de même que la moustache était déjà imposée depuis 1832 chez les militaires avec une taille réglementée. Elle représente alors l’autorité. Elle sera même interdite à certains corps de métiers (notamment pour les domestiques). On notera que les garçons de café feront grève en 1907 et que parmi leurs revendications, en plus du jour de congé, figurait le droit de porter la moustache (ce qu’ils finissent par obtenir).

 

L’apogée de la moustache

Mais c’est au vingtième siècle que la moustache connaît son apogée, il était alors impensable qu’un homme qui se respecte n’arbore pas la moustache, c’était un signe de virilité et de puissance. On en prend soin, on la taille, la parfume et on lui fait prendre des formes particulières et variées, elle peut être frisée, pointue, fournie, clairsemée, jusque dans les années 20, il était de bon goût d’utiliser de la cire à moustache, pour obtenir des formes de guidon.

 

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Signe de virilité ou de marginalité ?

Au début du XXI siècle, elle est arborée par tous les hommes de pouvoir, notamment les dictateurs. De ce fait, elle va connaître une certaine baisse d’intérêt (du à la connotation négative) et son usage va décliner. Pire, porter la moustache va même être un signe de marginalité avant d’être reprise comme un marqueur d’originalité dans les années 80 (à l’image de Freddie Mercury ou Tom Selleck). Passée de mode, elle sera reprise par la fondation Movember depuis 2003 … Avant de connaître un nouvel engouement avec les néo-hipster et autres représentants de la nouvelle chanson française. 

 

Et ailleurs dans le monde ?

Si la moustache ne possède plus aucune fonction sociale désormais en occident, elle reste toujours un marqueur dans le monde arabe. Ainsi, en France, la moustache était un attribut de séduction. Elle symbolisait l’autorité, la force et la virilité. Ailleurs, dans les pays du sud ou du Moyen-Orient, elle est intimement liée à l’honneur. Un homme déshonoré n’est plus digne de la porter.

En Inde notamment, il existe toujours une prime pour les policiers qui se laisseraient pousser la moustache. En effet, elle y reste un signe d’autorité. C’est aussi une marque de virilité politique dans le monde arabo-musulman que l’on retrouve chez bon nombre de chefs d’état (actuels ou récents). On pensera au président syrien Bachar Al-Assad, à l’émir Al-Thani du Qatar, au président turc Recep Tayyip Erdoğan ou encore à Saddam Hussein